Mais qui prépare le préparateur mental ?

On va voir ça tranquillement. Du coup, je vais partir de mon vécu. Il y a quelques années, j’ai fait un infarctus. Juste après, je me suis retrouvé particulièrement amoindri physiquement. J’en enrageais de me sentir, de me ressentir si faible. Je me suis lancé un défi : réussir, c’est-à-dire finir, une grosse randonnée. Le Bélier, 24 km, 680 m de dénivelé. Un an plus tard, je passais la ligne d’arrivée. Depuis je fais cette rando tous les ans avec de nouveaux objectifs. Cette fois, c’était de la faire en moins de 6h, et réalisé en 5h59 (ouf, sur le fil).

                Bon, ben vous êtes bien gentil raconter vot’ vie, vous z’etes pas tout seul, des exemples comme ça  y en a plein, avec des défis bien plus fort que l’votre, on peut parler plutôt du sujet ?

On y vient, on y vient… Avant de me lancer, je me suis préparé physiquement (avec l’accord de mon médecin avant tout, se lancer des défis c’est bien, mais il ne faut pas se mettre en danger non plus). Je me suis mis à marcher, de plus en plus loin, plus vite, plus pentu…

                Pff, d’accord, d’accord. T’as fait d’là muscu, du cardio et t’es parti sur la piste, c’est bon, on a compris l’manège…

Bien sûr qu’il faut se préparer physiquement. Mais ce n’est pas tout. Une fois que tes muscles seront bien chauds, que tes articulations vont commencer à être douloureuses, que ton cœur va battre la chamade sous l’effort, tu vas commencer à douter… et puis il y a avant les craintes, la peur de ne pas y arriver…

                Du coup, c’est là que la prépa mentale intervient…

Tout à fait !  Déjà en amont, et puis pendant et après. C’est comme la prépa physique. Avant, on utilise différentes approches qui vont se compléter : visualisation de l’épreuve, de l’objectif à atteindre, … D’ailleurs cela ne s’applique pas forcément qu’aux sports, mais à tout domaine, pro ou perso. La phase préalable est importante dans l’apprentissage de différentes techniques : régulation du stress, écoute de ses émotions, perception du corps, respiration… Chaque technique est adaptée. On ne « relaxe » pas juste avant un départ de course par exemple, les techniques doivent permettre de maintenir la concentration, pas la couper. Pendant, on va utiliser ces éléments différemment, pour apprendre à gérer son stress, pour se concentrer, pour être à l’écoute de son corps et trouver le rythme, percevoir son environnement, visualiser à nouveau ses objectifs, mobiliser ses ressources. Les différentes techniques de respiration vont être super utiles. Et après, toutes les pratiques favorisant la récupération bien sûr, et l’analyse de la performance, quelques soient les résultats.

                Ah, Ah ! Nous y voilà ! Le résultat n’est pas garanti !

Les garanties, c’est pour l’électroménager ! Ici, on parle d’objectifs et de performance ! Quand on travaille avec un objectif, on analyse les éléments de la réussite, au même titre que l’on analyse si l’on rate sa cible. On a pour cela bien sûr des indicateurs objectifs, et puis des ressentis, des perceptions qui sont autant d’informations importantes. Prenons un autre exemple : une réunion, que le thème soit de la négociation, de la ressource humaine…qu’importe. Toute la connaissance du dossier est mobilisée, technique, juridique, financière, les savoirs faire … Chaque élément est important. Un autre domaine va s’agréger avec ceux-ci, celui de nos habilités mentales.

                Eh ! on parlait de préparation et maintenant tu parles d’habilités ! (bon j’te tutoie, parce que là, hein…)


Les habilités mentales sont celles que l’on mobilise pour optimiser notre performance. Allez une petite définition de la prépa mentale « Il s’agit d’une préparation à la compétition par un apprentissage d’habilités mentales et d’habilités d’organisation. Le but principal est d’optimiser la performance personnelle de l’athlète. Pour ce faire, il convient selon nous, d’aider l’athlète à réunir en compétition les conditions optimales de performance, tout en promouvant le plaisir de sa pratique et en favorisant l’atteinte de l’autonomie »[1] . (Jean FOURNIER, Cahier de l’Insep, 1998 ).

Oh ! Et d’une, ça ne nous en dit pas plus, et de deux, c’est calé sur le sport ce bazar !      

C’est dans le domaine du sport qu’on a beaucoup travaillé autour de la préparation mentale, et ce depuis plusieurs décennies. Mais elle s’applique à tout domaine de performance. On va le voir plus facilement en détaillant ces fameuses habilités.

On les répartit en trois grands domaines.

Les habilités « de base » : se fixer des buts, développer la confiance en soi, la motivation.

Les habilités psychosomatiques : la gestion de l’anxiété, la régulation du stress, des émotions, l’activation (état d’éveil physio et psycho)

Les habilités cognitives : la concentration, le contrôle des distractions (et donc la re-concentration après une distraction^^), la visualisation, l’attention et le dialogue interne.

                Et ben, ça en fait des choses ! On est loin d’un savoir faire technique ou de l’endurance !

Oui, c’est bien pour cela qu’il y a des préparateurs mentaux auprès de sportifs de haut niveau ou auprès de décideurs de grandes entreprises.

                Et toi, alors ? comment fais-tu ?

Pour ma grosse rando, je me prépare en visualisant le parcours, les côtes à gravir, les descentes (pas si facile les descentes, surtout pour les genoux). Quand c’est un parcours que je connais, je fais appel à mes souvenirs. Je sais les endroits difficiles, aussi je visualise le « après », le moment où la pente a été gravie et où le cœur et le corps récupère après un gros effort. Je m’entraine sur différentes respirations et techniques, pour gérer la douleur des crampes que j’ai parfois. Je m’entraine à percevoir mon corps dans l’effort et mieux trouver les moments où il faut changer de rythme…

                D’ac, mais t’as pas plus concret ?

Tu as raison, on pourrait en essayer une si tu veux.  Trouve un endroit calme et tranquille, sans danger, mets-toi debout, les pieds sur le sol légèrement écartés, le corps droit, les bras le long du corps ou les mains jointes sur le bas ventre, comme tu te sens le mieux Tout en gardant les yeux ouverts, (je vais faire la pratique en même temps), on respire tranquillement et on porte l’attention sur la respiration justement. Son rythme, l’inspiration… l’expiration… on prend le temps quelques cycles de la sentir, ce qui bouge, l’air qui rentre, qui sort… toujours avec les yeux ouverts, et on accueille nos ressentis, nos sensations quel qu’elles soient… On laisse de côté le jugement, l’analyse de ce qu’on ressent…Juste on note ce qui bouge dans notre corps, ce qui ne bouge pas, et comment on se sent… quelques instants… 4 ou 5 cycles de respiration… Et voilà… On termine cette pratique en bougeant bras et jambes, en nous étirant au besoin.  Si on veut on peut encore prendre juste quelques instants pour nous noter pour  nous-même comment l’on se sent et comment c’est passée cette technique. Tu remarqueras que nous n’avons pas fait de relaxation en tant que tel, nous n’avons pas abaissé notre niveau de vigilance, genre demi-sommeil. Juste, nous nous sommes concentrés sur notre respiration, pour la percevoir et percevoir aussi les mouvements de notre corps lorsqu’on respire, et donc, commencer à être plus attentif à lui.

                Du coup, tu connais les techniques… tu es ton propre préparateur !

Oui, j’ai appris et me suis entrainé. L’entrainement est essentiel. Chaque pratique nécessite qu’on s’y entraine. Comme toute prépa, il ne te viendrait pas l’idée de courir un marathon sans t’être entrainé, ou d’entamer une négociation sans l’ensemble des tenants et aboutissants !  Mon rôle est de préparateur est de transmettre. Connaitre et utiliser les pratiques de préparation sur moi me permet d’en apprécier les effets avant de les proposer. J’ai eu la chance aussi de rencontrer des athlètes de très haut niveau (coucou Eddy[2]), avec lesquels j’ai échangé sur ce sujet, partagé leurs pratiques. Et surtout, il y a un élément central que cite Jean Fournier dans sa définition, l’autonomie !

                L’autonomie ???

L’objectif est de favoriser l’atteinte de l’autonomie, pour que chacun développe ses performances. Le préparateur mental accompagne. Il ne sera ni dans les starting-blocks, ni dans la salle de négo. C’est donc la pédagogie, l’accompagnement vers l’autonomie qui est cœur de cette préparation pour le préparateur

                Et maintenant que tu as atteint ton but, c’est fini, donc.

Même pas ! On travaille sur un premier objectif, tout en dessinant les contours du suivant. Celui que l’on poursuit est une étape vers le suivant. Tout ce que l’on a fait, l’entrainement de nos habilités mentales va être utile pour la suite, quel que soit notre ou nos objectifs.

                Ah, ah ! Je devine que tu t’es fixé un temps de rando plus court pour l’année prochaine…

Eh, eh… D’autres domaines ou d’autres sommets m’attendent peut être… Et toi, alors, quels sont tes objectifs ?

Pour aller plus loin, pour préparer son mental :

Se faire accompagner :
Pour me contacter : christophe@encapaciter.com
Annuaire des sophrologues caycédiens www.sofrocay.com
Annuaire des sophrologues www.bienrelax.com

Des Infos : https://sofrocay.com/sport

De la lecture (entre autres) :

Sophrologie et sport
La bible de la préparation mentale (C.TARGET)
Les techniques d’Optimisation du Potentiel (Dr E.PERREAUT PIERRE)


[1] https://www.persee.fr/doc/insep_1241-0691_1998_num_22_1_1397

[2] https://www.francebleu.fr/infos/societe/un-toulousain-et-un-castrais-traversent-l-amerique-en-courant-5-000-kms-de-los-angeles-a-new-york-1556036541

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